Nicematin du 02 dec 2008 a écrit:Interview
Ettori sort du silence
Pourquoi avoir attendu cinq mois avant de vous exprimer ?
« Je voulais prendre du recul. M'évader. C'est ce que j'ai fait. Après l'annonce de mon licenciement, je suis parti chez moi en Corse. J'ai vendu ma maison pour acheter un bateau. Un vieux rêve que je ne pensais jamais réaliser. J'ai eu ce privilège de découvrir l'île de mes ancêtres par la mer. J'ai essayé de trouver une explication à ce limogeage. En vain ».
L'eau de mer a-t-elle cicatrisé votre blessure ?
« Bien sûr que non. Mon coeur saignera encore longtemps. Le jour où le président De Bontin m'a annoncé mon licenciement, je croyais que la « Tête de Chien » me tombait sur la tête. Je ne m'y attendais vraiment pas. D'ailleurs, le jour où il m'a convoqué, je suis arrivé avec des dossiers ! »
Et avec le recul ?
« Je peux comprendre qu'un nouveau président veuille travailler avec des gens neufs et faire table rase du passé. Même si je ne comprends toujours pas sa décision, je la respecte. Et je me dois de la respecter. Ce qui me fait le plus mal... (il réfléchit), c'est ce qui se dit en ville ».
Que vous avez piqué dans la caisse, que vous touchiez des commissions sur les transferts, que vous imposiez votre frère comme agent de joueurs... ?
« Après avoir été le gardien du temple, je serais devenu un escroc ? Je veux dire aux supporters, aux Monégasques, que j'ai toujours été un homme honnête et loyal. Piqué dans la caisse ? Je n'avais pas la signature du club. Les commissions ? Non, je n'ai pas touché d'argent sur les transferts. Mon frère Antoine ? Il est agent de joueurs depuis peu. Il galère. Son « écurie » se limite à des joueurs de National ou de CFA. Il s'est occupé du prêt de Vallaurio parce que le père de Manu l'avait choisi comme agent. Vous voulez une anecdote ? Touré. Pour conclure son transfert je l'ai invité avec son agent russe au Métropole chez Robuchon. Je n'ai jamais donné la note à des fins de remboursement. Je pourrais multiplier les exemples. Je n'ai pas de rancoeur. Le football est ainsi. Comme la société d'ailleurs. Sur le plan de l'honnêteté, je n'ai rien à me reprocher et je peux regarder dirigeants, joueurs, supporters, droit dans les yeux. Je ne les baisserai jamais ».
On peut vous reprocher, quand même des transferts douteux, infructueux, pour ne pas dire désastreux ?
« Je n'aime pas et ne veux pas parler du passé. J'ai sûrement fait des erreurs d'appréciation. Sans doute que sur certains dossiers je n'ai pas assez été convaincant mais je n'étais pas le seul décideur. C'est tout ce que j'ai envie de dire. Les transferts se décidaient en équipe. Cela ne servirait à rien que je vous donne de noms de joueurs que je voulais recruter et qui ne sont jamais venus. Je ne veux pas de polémique, que ce soit avec l'ancienne équipe dirigeante ou la nouvelle. Mais ce que je veux dire surtout, c'est que j'ai, pardon que nous avons beaucoup travaillé pour le bien du club. Quand je vois aujourd'hui sur la pelouse, Nkoulou, Mollo, Licata, Ruffier sans parler des Bakar, Gakpé et tous les jeunes qui vont arriver comme Dufau, Zola, Sagbo, je me dis que tout n'a pas été si nul. Licata, par exemple, c'est moi qui suis allé le chercher à Cuiseaux. Il a mis du temps à mûrir, mais si vous faites le ratio de ses passes décisives et ses buts en CFA et en pros, c'est impressionnant ».
Rayon recrutement, c'est votre domaine. Que pensez-vous de celui du Président De Bontin ?
« Là, je parle en supporter. Park c'est un très joli coup. Avec Adriano qui, à mon avis, doit jouer dans l'axe et l'éclosion attendue de NKoulou, nous n'avions peut-être pas besoin aussi d'un défenseur latéral. Mais encore une fois, les opportunités font que vous sautez dessus ».
Vous vous dites supporter mais on ne vous voit pas dans les travées du stade ? Est-ce parce que vous avez été « viré » de La Turbie ?
« L'épisode malheureux de La Turbie est oublié. J'ai lu que j'avais une autorisation spéciale de me rendre au centre d'entraînement pour regarder évoluer mon fils. J'en suis ravi. J'ai été viré le mardi et c'est le mercredi que la visite de l'UNFP était programmée. Il y a dû avoir confusion. Les gens me connaissent. Je ne suis pas le genre grande gueule. Depuis mon éviction, j'ai toujours le sentiment de gêner. Mais je vais revenir voir les matches de Monaco, c'est sûr. Vous savez, le stade Louis-II a été ma résidence secondaire pendant 33 ans ».
Pour votre fils Paul-Noël, pensionnaire du Centre de Formation, la situation ne doit pas être facile à vivre ?
« Détrompez-vous. Paul-No la vit très bien. Apparemment. Et les dirigeants comme les éducateurs sont des gens intègres. Il n'y a aucune raison pour que ça se passe mal ».
Même si des supporters colportent des ragots, beaucoup d'autres vous soutiennent ?
« Si vous voulez parler de la banderole ou d'un tract qui aurait circulé lors d'un match, je n'y suis strictement pour rien. Sachez-le. Je les remercie bien sûr. Ça fait chaud au coeur. Mais ça ne changera rien. Ils doivent supporter l'AS Monaco sans aucun a priori. Comme eux, je souhaite que l'ASM regagne au plus vite les plus hautes marches ».
Ettori aujourd'hui ?
« J'ai toujours le sentiment de vivre un mauvais rêve. La réalité est difficile à vivre quand vous avez été lié comme moi à une seule couleur. Monaco c'est mon club, ma ville. Essayer d'oublier, c'est y penser. Je vais voir des matches. Dernièrement, j'étais à Lyon chez mon ami Claude Puel. Si un club, avec un projet intéressant me contacte, pourquoi pas, mais je suis tellement estampillé Monaco que cela les effraie ».
En guise de conclusion, qu'avez-vous envie de dire ?
« Que les histoires d'amour finissent mal, en général. J'en ai la preuve. Mais l'attachement que j'ai pour Monaco est indéfectible. Tout ce que j'ai vécu en rouge et blanc restera gravé en moi. J'ai vécu d'extraordinaires émotions sur le plan humain et sportif ».
ça me laisse tout...
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je suis écoeuré.
